Page:Bloy - Belluaires et porchers, 1905.djvu/60

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un jour, me rendront justice ; je ne t’en dis pas davantage. Laisse-moi partir pour aller cacher au fond de la mer ma tristesse infinie. Il n’y a que toi et les monstres hideux qui grouillent dans ces noirs abîmes qui ne me méprisent pas. » Qu’on le prenne comme on voudra, ce chapitre m’a totalement confondu !

Je n’ai jamais lu les aliénistes et la science physiologique ne m’a jamais allaité. Me sera-t-il pourtant interdit de supposer chez un tel homme frappé de folie, une sorte de lucidité à rebours qui le fasse presque infaillible, qui lui donne même, parfois, des allures de profond oracle dans l’antiphrase coutumière de ses ironies ou de ses fureurs, quand il veut exprimer la dominante passion de son esprit fourvoyé ? Il me semble que cette hypothèse hardie ne s’élève pas sensiblement au-dessus d’une modeste lapalissade.

L’auteur, — quel qu’il fût, — des Chants de Maldoror, nous apprend qu’il était mathématicien et même Montévidéen, ce qui paraît impliquer une mathématique supérieure. Il y revient plusieurs fois. Il parle de la face grave de la géométrie que réjouit la forme sphérique de l’Océan ; il parle aussi, dans un bien étrange poème dithyrambique de l’arithmétique et de l’algèbre, « dont les savantes leçons, plus dou-