Page:Bloy - Belluaires et porchers, 1905.djvu/61

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ces que le miel, filtrèrent dans son cœur comme une onde rafraîchissante ».

Il affirme que celui qui ne les a pas connues « mériterait l’épreuve des plus grands supplices ». — « La fin des siècles, dit-il, verra encore, debout sur les ruines des temps, vos chiffres cabalistiques, vos équations laconiques et vos lignes sculpturales siéger à la droite vengeresse du Tout-Puissant, tandis que les étoiles s’enfonceront avec désespoir, comme des trombes, dans l’éternité d’une nuit horrible et universelle, et que l’humanité grimaçante, songera à faire ses comptes avec le jugement dernier. »

La catastrophe inconnue qui fit de cet homme un insensé a dû, par conséquent, le frapper au centre même des exactes préoccupations de sa science, et sa rage folle contre Dieu a dû être, nécessairement, une rage mathématique.

C’est une vision de tristesse presque infinie que celle de ce glorieux esprit visiblement fait pour s’assimiler la lumière des constellations, entravé au début de son envol, scellé, cadenassé dans une idée fixe, immortellement atroce et s’efforçant, avec la logique bizarre des aliénés, avec les ressources d’une science précise, de construire une hélice descendante pour fuir des cieux implacables vers des antipodes impossibles.

A-t-il fallu qu’il adorât la Beauté, ce poète englouti dans les ténèbres, pour l’insulter avec tant de soin, pour s’ingénier, comme il le fait,