Page:Bloy - Belluaires et porchers, 1905.djvu/68

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venir se bousculer et s’envisager sous les arches démesurées du Léviathan, dont les nues leur cacheront quelquefois la cime visitée par les orages, comme un Sinaï.

Toutes les langues de la Dispersion seront parlées en ce jour et chercheront à se reconnaître. On s’applaudira, on se congratulera d’être ensemble. On se pourléchera, réciproquement, de peuple à peuple, du bout des orteils au sommet du crâne. On entrera les uns dans les autres, fraternellement et même conjugalement.

Puis, sans trop savoir pourquoi, mais parce qu’une certaine heure aura sonné, on se divisera, comme autrefois, mais pour peu de temps. On s’en ira à deux pas, se préparer aux tueries, sous les horizons prochains, où se tiendront tapis les millions de soldats de vingt armées que l’affinité métallique aura tirées vers un seul point, de tous les gisements d’égorgeurs.

Ce sera la Pentecôte, si souvent annoncée, des massacres et des exterminations, l’ablution du feu sur des sociétés excessives et disgrégées qu’il s’agira de réamalgamer dans le creuset d’une surhumaine conflagration, après les avoir écumées dans la chaudière d’une Méditerranée de sang !

Ah ! elle est plus mystérieuse qu’elle ne le pense, cette Tour Eiffel, et les ferrailleurs savants qui la construisent sont incalculablement