Page:Bloy - Belluaires et porchers, 1905.djvu/88

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ment travaillé, lui savent gré de larmoyer perpétuellement dans le carrefour des idées banales, de n’avoir jamais écrit une page virile et, surtout, de posséder ce style visqueux et blanchâtre que les romanciers pour dames se font passer, — comme un morceau de savon dans un lavoir de pauvresses, — depuis Saintine jusqu’à Paul Bourget. On pourrait être, à moins de frais, rutilant de gloire.

Veut-on savoir, maintenant, les noms des écrivains qu’il a démarqués : Balzac, Dickens, Barbey d’Aurevilly, Goncourt, Flaubert, Zola, Paul Arène, — jusqu’à Paul Arène, justes Cieux ! — et je ne sais combien d’autres encore, dont la multitude m’effare. Tels sont ceux qui l’ont allaité, gavé, saturé jusqu’à la pléthore, qu’ils le voulussent ou non, qu’ils en fussent informés ou qu’ils l’ignorassent. C’est l’homme orchestre de la littérature qui s’assimile tous les instruments.

Ce qui peut confondre, par exemple, c’est le toupet du plagiaire, crochetant les livres les plus connus, tels que ceux du fameux Dickens. Dans Fromont jeune, par exemple, cette Désirée Delobelle, apprêteuse d’oiseaux-mouches, qui lui a valu tant d’éloges, est identiquement décalquée sur l’habilleuse de poupées de l’Ami commun, et dans Jack, imité presque tout entier de David Copperfield, on rencontre des morceaux énormes qui font penser à la besogne de quelque malheureux expéditionnaire.

Si, du moins, il ne châtrait pas ceux qu’il dé-