Page:Bloy - Belluaires et porchers, 1905.djvu/90

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avait su se borner à Dickens qui lui allait comme un gant. La virilité de cet excellent Anglais ne menaçait pas les planètes et l’opérateur n’aurait pas eu grand travail. Le dos du couteau aurait suffi. Mais il a voulu devenir le chef de l’école naturaliste. Il a voulu montrer, comme Zola, des muscles et de la puissance, et le pauvre petit s’est un peu fourbu.

Il y a dans le début de ce livre à la glucose, qui s’intitule mystérieusement Sapho, un grêle et joli monsieur qui veut porter une femme dans ses bras depuis le rez-de-chaussée jusqu’au quatrième étage, et qui pense mourir de fatigue en arrivant au dernier palier. S’il fallait monter trois marches de plus, il dégringolerait avec son fardeau. Telle est évidemment l’histoire de ce chef d’école.

Par bonheur, ses ambitions n’ont jamais été bien comprises de sa clientèle qui lui a continué sa confiance et nous avons la joie d’assister à des déballages d’éditions du Nabab et de l’Immortel aussi nombreuses que celles de la Terre ou de Germinal. Émile Zola doit avoir, tout de même, de sacrées pensées quand il aperçoit entre ses deux pieds de Goliath, l’ombre chétive de cet avorton qui s’efforce de grimper à lui !

Et M. de Goncourt donc ! le familier de la maison, l’oncle d’Amérique si tendrement caressé et si jalousement confisqué à toute influence étrangère, combien il doit mépriser, dans ses lucides instants, — ce vieux maître de la Faus-