Page:Bloy - Belluaires et porchers, 1905.djvu/94

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plus ou moins subtil, pensera, sans doute, que je suis profondément offensé de lui voir gagner tant d’argent et qu’il est rafraîchissant pour mon cœur torréfié d’envie de lui mettre le nez dans l’ordure de ses monstrueux plagiats.

Comment ce politique et ce réclamier, aux relations infinies, pourrait-il jamais soupçonner la solitaire majesté de cette impératrice du silence, auréolée d’un nimbe si pâle, dont la domination ne s’exerce que sur les têtes abattues des agonisants ou des morts, et qui se nomme la Vraie Gloire ?

Mais les mots sont dépossédés de leur sens et de leur vertu, dans un temps où le déchet universel des consciences est accompagné d’une correspondante abolition de l’intelligence et du langage. Je me suis accommodé comme j’ai pu de l’acception contemporaine du saint nom de gloire, généralement employé comme synonyme de célébrité, sans oublier, toutefois, son sens profond qui survit aux plus sacrilèges abus des blagueurs et des charlatans.

L’auteur de Jack et de Tartarin serait, sans doute, étonné d’apprendre qu’en s’appropriant indûment, je ne dis plus la gloire, mais son simulacre, il a mis la main d’un profanateur sur la chose réservée et sacrée que tous les prophètes et tous les poètes ont chantée et pour laquelle des millions de martyrs sont morts.

Il est vrai qu’au même instant, ce mauvais Habile apercevrait l’épouvantable inutilité d’a-