Page:Bloy - Belluaires et porchers, 1905.djvu/93

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C’est un négoce incessant de trahisons, de vomissures et d’ignominies.

Il faut être Drumont, l’immense myope de la Fin d’un monde, pour n’y rien voir, pour ne pas comprendre, allant lui-même dans un tel milieu, que cette société des lettres dont il n’a pas su dire un valable mot dans son livre, est, sans contredit, — par sa prépondérante et superfine abomination, l’un des signes les plus certains de ce cataclysme qu’il annonce, — comme certains oiseaux la tempête, sans que la médiocrité sentimentale de cet admirateur sincère du Voleur de gloire ait jamais permis qu’il en expliquât les causes profondes.

Je songe quelquefois à l’éloquent et juste pamphlet que pourrait écrire un indépendant sous ce titre fier : « Les Âmes publiques ». Mais il faudrait un de ceux-là pour qui la vie n’est qu’un tremplin vers la lumière des Éternités et qui regardent comme d’égaux bienfaits l’amertume des réprobations et la dureté des exils, s’il faut payer de ce prix la douceur de ne pas vautrer sa main dans les complaisantes effusions de la camaraderie.

Alphonse Daudet que je n’ai pas craint d’appeler voleur de gloire et qui n’a jamais compris l’existence que comme une occasion de négoce