Page:Bloy - Exégèse des Lieux Communs, Mercure de France, 1902.djvu/169

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Il va sans dire que je ne ratai pas l’occasion, ayant sous la main un pareil sujet, de révéler que j’étais l’auteur d’une autobiographie intitulée Le Mendiant ingrat, que je vivais exclusivement d’aumônes et que, même, je ne concevais pas une autre manière de vivre, pour un chrétien. En le quittant, j’eus la satisfaction de le voir installé dans ce bateau, confortablement.

À quelque temps de là, l’occasion s’offrit de parler avec plus de précision et d’énergie. Ce joli curé, dont j’étais presque le paroissien, avait cru devoir abuser de quelques-unes de mes paroles d’une manière grave et dans l’exercice de son ministère. Je lui écrivis que, me jugeant offensé, je voulais des excuses chez moi, sinon que je m’adresserais à ses supérieurs d’abord, puis aux journaux. Ultimatum d’un effet certain. Le drôle vint aussitôt, non pour me faire des excuses, mais pour établir qu’il ne m’en devait pas. Retranché derrière ses Lieux Communs de séminaire, dans un mépris inexpugnable de la Sainteté, de la Perfection évangélique, de la Parole de Dieu, de la Prière, de tout ce qui n’est pas le glorieux Argent monnayé, il me parut invincible et me découragea du premier coup.

Impossible de lui faire comprendre quoi que ce fût. Je ne me souviens pas d’avoir jamais vu un homme si sot. Ah ! j’avais beau jeu pour compléter mon observation de la Médiocrité Sacerdotale ! Interrogé sur la prière impétrante : — Dieu ne fait pas