Page:Bloy - Exégèse des Lieux Communs, Mercure de France, 1902.djvu/177

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et le Lieu Commun reste obscur. Qu’il s’en aille donc à tous les diables !


C

Se faire une raison.


Le verbe « faire » est un des plus difficiles de la langue française, surtout lorsqu’il est pronominal ou réfléchi, comme disent les bons grammairiens. Si vous voulez vous former une idée de l’abîme qu’il peut y avoir entre l’une et l’autre de ses acceptions innombrables, dites-vous qu’un homme occupé à se faire la barbe peut, en même temps, « se faire une raison ». Je me hâte seulement de remarquer que tout homme peut se faire la barbe, mais qu’il n’appartient qu’au Bourgeois de se faire une raison.

En voilà encore un qui n’est pas facile ! Je sais bien qu’il n’y a pas beaucoup de lumière à espérer en général, d’une confrontation des Lieux Communs avec leur acception ordinaire. Cette acception, toujours dépassée, reste par terre, à des distances incalculables du sens vrai qu’on s’imagine planant dans les cieux. Essayons pourtant.

Ernest Mijoton, quatrième clerc d’avoué, atten-