antiphrase. Le toujours suave et rafraîchissant Bourgeois utilise volontiers cette forme grecque de la glose confabulatoire. Nous aurons plus d’une fois l’occasion de le remarquer.
Il faut donc lire fermement : L’hôpital est fait pour les chiens. En ce sens, qui est le vrai, le Bourgeois parle comme un Dieu. De simples hommes ne pourraient pas si bien dire.
J’ouvre la Sylva allegoriarum du Frère Hieronymus Lauretus, savant in-folio, imprimé à Lyon, en 1622, aux frais de Barthélémy Vincent, sous le signe de la Victoire, et je trouve ceci au mot Canis : « Le chien est un animal au service de l’homme pour le réjouir de sa compagnie et de ses caresses. Il aboie contre les étrangers. Il est immonde, plein de rage et d’une extrême lubricité. Il est le gardien du troupeau et le chasseur des loups. Il est vorace et carnivore et retourne à son vomissement. »
La science moderne, à qui le genre humain est redevable de tant de découvertes utiles, présume en outre que le chien est quadrupède et que la voix articulée lui manque. Mais il n’y a pas lieu de s’arrêter à ces hypothèses. D’ailleurs, il y a chien et chien, c’est bien connu.
Le chien pour qui l’hôpital est fait, c’est le carnivore, l’immonde carnivore, devenu vieux ou infirme, dont la compagnie a cessé de plaire, incapable désormais d’aucune sorte de fureur, qui n’a plus la