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CLXI

Il y a un Dieu pour les ivrognes.


Le Bourgeois tient beaucoup à celui-ci. Il est de ceux par lesquels est affirmée sa faim toujours neuve de cracher à la Sainte Face, de souiller autant que possible la Parole.

« Dieu a commandé à ses anges, dit le Tentateur, de te porter dans leurs mains, de peur que ton pied ne heurte contre la pierre. »

Ah ! oui, vous allez me dire que le Bourgeois ne sait pas tout ça, qu’il a autre chose à faire que de lire saint Luc ou saint Mathieu. En effet, que pourrait lui apprendre l’Évangile ? Il a le blasphème infus. L’ordure sortie de ses pères arrive en lui, naturellement et sans étude, comme les immondices d’un égout passent dans un autre égout. Quelques-uns la reçoivent avec une abondance telle qu’ils en sont ivres et qu’ils ont eux-mêmes besoin d’être soutenus par les anges, et par quels anges !

L’objet du présent livre ne comporte pas le développement d’une telle idée, mais j’espère que la consolation ne m’en sera pas refusée toujours. « On verra alors, écrivais-je à un inconnu, qu’il n’y a pas une parole du Sauveur ou de ses Amis qui