Page:Bloy - Exégèse des Lieux Communs, Mercure de France, 1902.djvu/267

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ait échappé aux démentis et aux outrages continuels des chrétiens eux-mêmes, et nos dévotes, on aime à le croire, seront heureuses d’apprendre qu’elles parlent tout le temps comme les démons. »


CLXII

L’appétit vient en mangeant.


Bonne réponse à un homme qui meurt de faim :

— Malheureux, vous ne savez pas ce que vous demandez. Si vous mangiez, vous voudriez manger encore et vous seriez, de plus en plus, à la charge des honnêtes gens qui se ruineraient sans parvenir à vous rassasier. Quand on ne se sent pas capable de rester sur son appétit, on reste sur sa faim et on ne demande pas l’aumône à dix heures du soir. Je me regarderais comme un criminel, si je vous donnais un centime.

Décor de neige. Celui qui parle est un gros homme congestionné par un délicieux dîner. Il vient de sortir du restaurant et attend sa voiture qui décrit une courbe financière pour venir à lui.

L’affamé représente une souffrance quelconque, une souffrance de tous les siècles. L’affameur ne