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Page:Bloy - Exégèse des Lieux Communs, Mercure de France, 1902.djvu/28

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exégèse des lieux communs

à créer, je ne sais pas ce que feraient les coquins, mais je sais bien ce que ne feraient pas les honnêtes gens.

On ne voit pas déjà très clair sur notre planète où les plus clairvoyants vont à tâtons. Il paraît cependant que c’est encore trop, puisque tout le monde se cache. Qu’arriverait-il si la Science, tant admirée par Zola et si digne de l’admiration d’un tel cerveau, venait à lancer un rayon neuf qui éclairât les antres des cœurs ?

N’est-il pas évident que toute affaire, à l’instant, deviendrait impraticable, impossible ? Plus de commerce, plus d’industrie, plus d’alliances politiques, plus de médecine, plus de pharmacie, plus de cuisine, plus de procès, plus de mariages, ni d’enterrements, ni de testaments, ni de « bonnes œuvres » d’aucune sorte. Enfin plus d’amour. Les honnêtes gens cesseraient de naître… Il ne resterait pour vaquer au grouillement humain que ceux qui « redoutent la lumière » et qu’on nomme les malhonnêtes gens. Quel désordre étrange !

Il est vrai que ceux-là succomberaient bientôt à leur tour, étant devenus eux-mêmes, par la force des choses, des honnêtes gens pour succéder aux disparus, et les deux espèces qui font la totalité du genre disparaîtraient, successivement exterminées par la lumière, — comme ces couleurs fraîches et brillantes que le soleil mange, dit-on, à son déjeuner.