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Page:Bloy - Exégèse des Lieux Communs, Mercure de France, 1902.djvu/78

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exégèse des lieux communs

de toute une carrière de déloyauté commerciale avait été, en sa personne, rémunéré d’une équitable opulence par un juste sort.

Une maison dénuée, grâce au ciel, de tout profil architectural, attestait, sur la grande rue, l’importance financière de cet homme récompensé. La blancheur inexorable du crépi rendait ophtalmique et faisait mourir la végétation.

Par la porte cochère, on apercevait un jardin bouilli, calciné, sinistre, d’où le goût du maître avait proscrit la nature. Tout s’y passait en rocailles et plomberie d’agrément. Un amour espiègle en simili bronze tenait un jet d’eau, peu abondant, au centre d’un bassin exécuté par le même cyclope, où des poissons rouges malheureux avaient l’air de suer.

Quelques géraniums hydrophobes se groupaient çà et là, au pied de quelques tilleuls qui avaient renoncé à toute fraîcheur. On voyait aussi des miroirs sphériques de diverses couleurs, un jeu de tonneau d’un vert d’asperge pisseux, un berceau de vigne vierge et de glycines complètement grillées dont la seule imagination d’un brûlé vivant aurait pu implorer l’ombrage. Enfin, la niche, couleur d’azur, d’un chien arrivé au dernier degré de l’alopécie galeuse, commis à la surveillance du paysage. Un mur de geôle crénelé de culs de bouteilles barrait l’horizon. Ce séjour enchanteur était la gloire de M. Robert.