Page:Bloy - Histoires désobligeantes.djvu/102

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rable catégorie des faux mastocs du midi que nul croisement ne peut affiner et chez qui, cependant, tout, jusqu’à la grossièreté même, n’est qu’apparence…

Il ne put répondre sur-le-champ, car il était hors de lui et faisait précisément, à cette minute, une tentative désespérée pour être quelqu’un. Ses gros yeux pleins d’incertitude roulaient, presque jaillissant de leurs orbites, comme ces billes de jeu de hasard qui semblent hésiter avant de choir dans l’alvéole numérotée où va s’accomplir le destin d’un imbécile.

— Eh ! bougre de bougre, exclama-t-il, à la fin, dans un fort accent de Toulouse, ce n’est pas le tonnerre de Dieu peut-être que je viens chercher dans votre boutique. Vous allez me conditionner un cent de lettres de faire part pour un mariage.

— Très bien, monsieur. Voici nos modèles, vous pourrez faire votre choix. Monsieur désire-t-il un tirage de luxe sur beau vergé ou sur japon impérial ?

— Du luxe ? parbleu ! On ne se marie pas tous les jours. Je pense bien que vous n’allez pas m’exécuter ça sur des torche-culs. Tout ce qu’il y a de plus impérial, c’est entendu. Mais surtout ne vous avisez pas de me foutre un encadrement noir, bon Dieu de bon Dieu !

L’imprimeur, simple bonhomme de Vaugirard, craignant d’être en présence d’un fou qu’il ne fallait pas exciter, se contenta de protester avec mesure contre le soupçon d’une telle négligence.