Page:Bloy - Histoires désobligeantes.djvu/127

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Le doux Thierry était simplement un petit cochon et appartenait à la race peu dominatrice des Frôleurs compatissants.

Quand commença-t-il à frôler et à compatir ? En quel avril de néfaste germination se développa tout à coup ce penchant bifide ? C’est Dieu qui le sait. Lui-même probablement n’aurait pu le dire, lorsqu’il paraissait capable encore de dire quelque chose et d’articuler des sons véritablement humains.

Ce que je sais bien, c’est qu’un beau jour, il se trouva complètement outillé pour la fonction. Les bureaux d’omnibus, les crèmeries achalandées par les petites ouvrières, les vestibules des gares, les églises même, furent les hippodromes de son choix.

Pénétré de cette idée qu’il lui fallait absolument une compagne, il la voulut simple avant toutes choses et, dès lors, par une conséquence aussi nécessaire que la translation des Globes, l’albumine de ses ancêtres exigea rigoureusement que la vulgarité sentimentale fût toujours l’élue de son cœur.

D’horribles souillasses minaudières lui parurent indécomposables comme la lumière de l’Empyrée. Mais le nombre en était si grand qu’il ne put jamais parvenir à fixer sa dilection.

Don Juan des trottins mûrs et des couturières galvanoplastiques en instance de protecteurs, il cherchait assidûment l’Objet idéal au milieu des foules.

Avec une patience merveilleuse que nul fiasco ne