Page:Bloy - Histoires désobligeantes.djvu/189

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hôtels, sur les patrons et la domesticité ; sur certains notables des villes ou des villages qu’ils traversaient en fuyant.

Ils furent tenaillés par l’angoisse panique, continuelle ; griffés par d’irréparables soupçons que vainement ils savaient absurdes, roulèrent enfin dans un cloaque de mélancolie.

Ils ne dormirent plus, ne mangèrent plus et leurs âmes s’extravasèrent dans les gouffres pâles où se dilue l’espérance.

Un jour enfin, ils moururent ensemble à la même heure et dans le même lieu, sans qu’on ait pu très précisément savoir de quelle manière ils avaient cessé de souffrir.

La mère, qui les suivait comme le requin, fit constater leur suicide pour qu’ils n’eussent point de part à la sépulture des chrétiens.

Elle est de plus en plus la Martyre, s’élève chaque jour jusqu’au troisième ciel, avec une extrême facilité, et carillonne tous les soirs à la dernière heure, ― dit la chronique de la rue de Constantinople ― un robuste valet de chambre.