Page:Bloy - Histoires désobligeantes.djvu/188

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Le premier fut incriminé de vices monstrueux, d’habitudes infâmes que certifièrent d’abominables témoins. La jeune femme reçut des lettres qui eussent pu être datées de Sodome.

La Culasse lui écrivit des doléances, et le Môme Gros-Doigt lui fit assavoir que « cela ne se passerait pas ainsi ». Un torrent d’ordures submergea le lit conjugal des nouveaux époux.

De son côté, le mari fut accablé d’un nombre infini de messages anonymes ou pseudonymes, de formes variées, mais toujours onctueux et saturés de la plus affable tristesse, l’informant avec précaution du passé malpropre de sa compagne, au souffle de qui cinquante jeunes filles s’étaient putréfiées dans les dortoirs du pensionnat, et qui n’avait certainement pu lui offrir, avec sa dot, que la basse et rudimentaire virginité de son corps.

Rien n’exprimait la méchanceté diabolique, la compétence infernale qui faisait mouvoir tous les fils de cette intrigue d’impostures, qui dosait ainsi, chaque jour, les épouvantables poisons de l’infanticide.

Cela dura plus de six mois. Les malheureux qui n’avaient d’abord voulu sentir qu’un profond mépris, furent bientôt saisis par l’horreur d’une persécution si tenace.

Ils apprirent que des lettres venues de la même source ignorée s’éparpillaient autour d’eux dans les