Page:Bloy - Histoires désobligeantes.djvu/234

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

de s’imaginer comblé d’un bonheur quelconque.

Nous étions les chanoines de l’Infini, les protonotaires de l’Absolu, les exécuteurs médiques de toute opinion probable et de tout lieu commun respecté. De temps en temps, j’ose le dire, la foudre tombait sur nous.

Ce soir donc, après d’amples et photogéniques déclarations sur maint objet, il arriva qu’un chasseur de licornes, aussi opiniâtre que subtil, renommé pour ses doctrines hyrcaniennes et son facies glabre, crut devoir s’exprimer ainsi :



— Remarquâtes-vous suffisamment, chers compagnons, la bouffonnerie supérieure de ce qu’on est convenu d’appeler la Répression ? Des statistiques persévérantes et jubilatoires nous renseignent périodiquement sur le flux et le jusant des transgressions de nos lois pénales. Nous jouissons de catalogues synoptiques où se trouvent consignés, en chiffres naturellement arabes, les assassinats ou les viols qui nous ont aidés à supporter la monotonie des heures et que la magistrature a punis sans indolence, de telle époque à telle autre époque.

Il serait inutile, je suppose, de contester l’intérêt patriotique de ces documents dont les philanthropes