Page:Bloy - Histoires désobligeantes.djvu/235

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consciencieux frémissent coutumièrement de l’ergot à la caroncule.

Il ne le serait pas moins, vous en conviendrez sans blêmir de rage, d’entreprendre la divulgation de l’universelle crapulerie des honnêtes gens. Les voleurs de grandes routes et les plus notoires malandrins eux-mêmes s’insurgeraient contre un tel décri des pondérateurs de l’équilibre social.

Mais je crois vous être agréable en vous offrant le poème d’une expérience très banale qui m’a réussi.

Hier matin, passant rue Saint-Honoré, j’aperçus un homme vénérable qui descendait les marches de Saint-Roch. C’était un si doux vieillard qu’il répandait comme de la tiédeur à l’entour de lui. On avait, en le regardant, la sensation de manger de la moelle de veau. Ses modestes mains déversaient toutes les clémences disponibles et son menu pas lui donnait l’air d’un bonhomme en sucre qui marcherait sur des entrailles de lapin. Le ciel qu’il interrogeait d’un œil affable était, à n’en pas douter, son ami, son camarade le plus intime. Il venait certainement d’accomplir des exercices de piété d’une indiscutable ferveur et s’acheminait, à coup sûr, vers des pratiques fraternelles que les chatteries du ciel pouvaient seules récompenser — un peu plus tard.

Je conclus immédiatement de cet examen qu’un parfait drôle était devant moi, et m’approchant :