Page:Bloy - Histoires désobligeantes.djvu/52

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Au deuxième acte, la mimique ayant perdu le charme de l’imprévu, je m’avisai d’écouter véritablement.

C’était lamentable. Imaginez le poncif le plus poussiéreux, le plus culotté, le plus crasseux, le plus fétide. Un amalgame effrayant de Racine, du bonhomme Gagne et de Désaugiers. Je me rappelle un interminable discours de son impossible Juge sur l’agriculture et l’économie sociale…

Vers la fin du troisième, je feignis un besoin subit de l’espèce la plus vulgaire, espérant ainsi gagner la porte de l’escalier. Cet homme nuisible m’accompagna…

Il fallut tout avaler et cela dura jusqu’à minuit. J’étais presque aussi sacrifié que la fille elle-même du Libérateur d’Israël.



Mais que devins-je, lorsque m’élançant sur mon chapeau, Damascène me dit ces mots qui me parurent tirés de l’Apocalypse :

— Oh ! ne vous pressez pas, nous n’avons encore rien lu. Je ne vous lâche pas avant que vous n’ayez entendu mes sonnets.

Un ignorant de la langue française aurait pu croire qu’il m’offrait une tasse de chocolat. Or, il m’annonça quinze cents sonnets, plus de vingt mille