Page:Bloy - Histoires désobligeantes.djvu/81

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Voici maintenant l’idée misérable, l’imbécile guimbarde d’idée dont ces quatre individus formaient l’attelage. Si quelqu’un peut en découvrir une plus médiocre, je lui serai personnellement obligé de me la faire connaître.

Ils avaient imaginé de réaliser à quatre l’association mystérieuse des Treize rêvée par Balzac. Rêve païen, s’il en fut jamais. Eadem velle, eadem nolle, disait Salluste qui fut une des plus atroces canailles de l’antiquité.

N’avoir qu’une seule âme et qu’un seul cerveau répartis sous quatre épidermes, c’est-à-dire, en fin de compte, renoncer à sa personnalité, devenir nombre, quantité, paquet, fractions d’un être collectif. Quelle géniale conception !

Mais le vin de Balzac, trop capiteux pour ces pauvres têtes, les ayant intoxiqués, cet état leur parut divin, et ils se lièrent par serment.

Vous avez bien lu ? Par serment. Sur quel évangile, sur quel autel, sur quelles reliques ? Ils ne me l’ont pas dit, malheureusement, car j’eusse été bien curieux de le savoir. Tout ce que j’ai pu découvrir ou conjecturer, c’est que, par formules exécratoires, et le témoignage de tous les abîmes étant invoqué, ils se vouèrent à cette absurde existence de ne jamais