Page:Bloy - Je m'accuse, La Maison d'Art, 1900.djvu/118

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pensée, la ritournelle a quelque chose de prodigieux, de fantastique :

« … Si l’on avait moins ri, on aurait entendu le ruissellement du lait, ce petit ruisseau dans le torrent de la sève qui soulevait la terre, qui faisait frémir les grands arbres au puissant soleil de juillet. De toutes parts, la vie féconde charriait les germes, créait, enfantait, nourrissait. Et pour l’éternelle œuvre de vie, l’éternel fleuve de lait coulait par le monde ».

Ô égrotants assoupis, ô valétudinaires sereins qui vous liquéfiez silencieusement dans les lits mécaniques de l’Assistance, au sein des asiles ; — que pensez-vous de cette mamelle ?


11. — On paraît avoir interrompu le massacre chez l’homme fécond. Deux cadavres ont suffi. C’était un essai, c’était pour voir. Ne trouvant plus dans son imagination, qui ressemble à celle d’un poète comme une tourbière à un lac, aucun avouable expédient pour tuer le reste de la famille, notre auteur s’en tire le plus simplement du monde. Il passe à autre chose. Il frotte les vieilles