Page:Bloy - Je m'accuse, La Maison d'Art, 1900.djvu/144

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Et maintenant sans sortir du périmètre lumineux de « la lampe familiale », ne conviendrait-il pas de parler un peu du Poète ?

« C’est nous les Poètes, qui donnons la gloire, et c’est nous encore, Madame, nous, les Poètes, qui clouons les coupables à l’éternel pilori ».

Nous, bien entendu, c’est Zola tout seul. Il serait dément de supposer que ce pronom personnel implique, par exemple, Urbain Gohier, Cyvoct, Lucien Descaves, ou Mme Paule Mink.

Songez que voici un poète, un vrai, qui travaille d’après nature, depuis « quarante ans », oui, Madame, qui souffre depuis « quarante ans », qui est un martyr lui-même et qui, par conséquent, a le droit de dire quelque chose, n’est-ce pas ? Eh ! bien, ce poète que les outrages humains ne peuvent atteindre, vous dit que tout va bien et que, d’ailleurs, il est là, LUI, vous entendez bien, Madame, qu’Il est là, ne demandant qu’à s’asseoir « sous la lampe familiale » avec le martyr. Ça vous en fera deux, « sous la lampe », dont un poète. Voilà, certes, qui n’est pas banal.