Page:Bloy - Je m'accuse, La Maison d'Art, 1900.djvu/148

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6 octobre. — Où en sommes-nous ? Qu’est devenu le festin des noces de diamant ? Nous avions laissé trois cents individus à table, grouillante progéniture des époux féconds. Vous croyez, peut-être, que c’est assez. Eh ! bien, non, il y a une surprise.

Ne voilà-t-il pas que, tout à coup, paraît un jeune homme, qui se dit « fils du bon Niger lui-même, de la fécondité miraculeuse de ses eaux ». Il n’oublie pas d’ajouter que ce fleuve, — qu’il paraît confondre avec le Mississipi ou les Amazones — « est immense et doux, qu’il roule des flots sans nombre, pareil à une mer… que pas un pont ne l’enjambe, qu’il emplit l’horizon d’un bord à l’autre, qu’il a des archipels et des escadres de poissons énormes, etc. ; qu’il est, ainsi que le Nil, le père aux générations sans nombre, le Dieu fabricateur d’un monde encore inconnu qui, plus tard, enrichira la vieille Europe… Et la vallée du Niger, la colossale fille du bon géant, ah ! quelle immensité pure !… etc., la plaine, des champs, des sillons droits, à perte de vue, dont la charrue mettrait des mois à atteindre le bout… des lieues de la-