Page:Bloy - Je m'accuse, La Maison d'Art, 1900.djvu/80

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On sait que les journalistes anversois, parisiens, londonniens, vénitiens ou montalbanais, n’ont jamais un liard, excepté lorsqu’il y a une bonne saleté à faire. Dans ce dernier cas, on les commanditerait plutôt.

Je n’ai donc pas de conseil à leur offrir, mais quel dommage que le relieur ne songe pas à me consulter pour le choix d’une peau !


19. — Aujourd’hui, grand air de bravoure.

Le Crétin sort sa femme n°3, « brune de trente ans, grande, avec des traits fins, de beaux yeux tendres, une bouche de charme et de bonté ». Un point c’est tout. C’est ainsi que le Maître vous exécute un portrait.

Cette personne est rencontrée bien entendu, chez la sage-femme, où elle est venue se débarrasser rapidement, avant l’arrivée, par le bateau des Indes, d’un mari féroce. Histoire toute neuve. Il est encore parlé, cela va sans dire, de « l’acte superbe de vie », de « l’éternel flot de semences (il en mange décidément) qui circule dans les veines du monde », car le style ne s’interrompt pas d’être aussi imprévu, aussi peu servi, aussi frais, aussi vierge que la pensée.