Page:Bloy - La femme pauvre.djvu/135

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aimeriez-vous à voir l’installation de votre protégée, à moins que Mademoiselle ne trouve cela peu convenable…

— Mais, Madame, dit Clotilde qui n’avait pas encore ouvert la bouche, cela me paraît la chose du monde la plus simple. Je désire, au contraire, que monsieur Gacougnol sache comment je suis installée chez vous.

Les trois personnages arrivèrent enfin à une chambre des plus confortables.

— J’espère, mademoiselle, dévidait l’hôtelière dont s’appareillait l’institutrice, que vous serez satisfaite. Vous avez une vue ravissante, le soleil se couche au-dessus de votre lit et les petits oiseaux le saluent de leur chant tout autour de la maison, jusque dans les mois les plus rigoureux. Il y a même un nid d’hirondelles, sous le balcon supérieur, presque à portée de votre main. En qualité d’amie de monsieur Gacougnol, vous devez avoir l’âme poétique.

Cela, qui rappelait inopinément la mère Isidore, fut souligné d’un profond sourire de penseuse qui sait à quoi s’en tenir sur toutes les blagues dont s’accommode le vulgaire.

Pélopidas impatienté tira sa montre et fit observer à son tour que la nouvelle venue devait avoir besoin de sommeil.

— Bonsoir, mon enfant, dit-il en serrant la main à Clotilde, dormez bien et que les anges de Dieu soient avec vous. N’oubliez pas que, demain, je compte sur votre exactitude… Et vous, Mademoiselle, soyez assez bonne pour me mettre à la porte.