Page:Bloy - La femme pauvre.djvu/159

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Il lui montra de quelle manière le public, enlevé au troisième ciel de la Rengaine et hypnotisé par les mots de « diction », de « syntaxe phonétique », d’ « intonations émotionnelles », etc., comme par des bouchons de carafe, croit sincèrement entendre du Racine que les acteurs, encore plus sincères, croient lui débiter.

Ce peintre singulier découvrit alors en lui-même de miraculeuses facultés pédagogiques auparavant insoupçonnées. Il savait à peu près un assez grand nombre de choses, mais lorsque sa clergie était en défaut, les lucides explications qu’il offrait de son ignorance paraissaient plus profitables que l’objet même dont il s’avouait indigent.

Il disait, par exemple, n’avoir jamais rien compris à ce qu’on est convenu d’appeler la philosophie, n’ayant pu arriver à la préalable conception du toupet des cuistres qui osent tenter la mise en équilibre des conjectures sur les hypothèses et des inductions sur les postulats. À ce propos, il se répandait en malédictions contre l’Allemagne, qu’il accusait avec justice d’avoir, de son lourd esprit domestique, attenté au bon sens des races latines éternellement désignées, malgré tout, pour la domination sur cette racaille.

— Laissez-moi donc tranquille ! criait-il à Clotilde qui ne le tourmentait guère pourtant, il n’y a que deux philosophies, si on tient absolument à ce mot ignoble : la spéculative chrétienne, c’est-à-dire la théologie du Pape, et la torcheculative. L’une pour le midi, l’autre pour le nord.