Page:Bloy - La femme pauvre.djvu/19

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d’ailleurs, de se rendre parfaitement invisible pendant la période des exécutions sommaires.

Un peu plus tard, deux ou trois tentatives d’interview, pratiquées par des reporters de l’Ordre moral, ayant échoué d’une manière absolue devant l’abrutissement réel ou simulé de ce perpétuel ivrogne, on y renonça et le père Chapuis, un instant presque célèbre, réintégra pour jamais l’obscurité la plus profonde.

Il y avait ainsi sur cet homme tout un nuage de choses troubles qui lui donnait une importance d’oracle aux yeux des pauvres diables qu’il avait la condescendance de fréquenter et dont les âmes enfantines sont si aisément jugulées par tout aboyeur supposé malin. Le peuple souverain n’est-il pas devenu lui-même la Volaille sacrée des superstitions antiques pour les aruspices de cabaret dont la police, quelquefois, utilise volontiers la pénétration ?

Au résumé, le vieil Isidore avait la renommée d’un « sale bougre », expression générique dont la force ne sera pas contestée.

Il appartenait, sans aucun doute, à cette lignée idéale de chenapans que la Providence institua, dès l’origine, pour l’équilibre des Séraphins.

Ne fallait-il pas cette vase au fleuve de l’Humanité pour que le trouble et la puanteur de ses ondes pût l’avertir, lorsque quelque chose tomberait du ciel ? Et comment se pourrait-il qu’un cœur fut grand sans l’éducation merveilleuse de cet inévitable dégoût ?

Sans Barabbas, point de Rédemption. Dieu n’aurait