Page:Bloy - La femme pauvre.djvu/20

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pas été digne de créer le monde, s’il avait oublié dans le néant l’immense Racaille qui devait un jour le crucifier.


II



Malgré l’irrégularité de sa démarche, il paraît que le ci-devant patron balancier avait une affaire qui ne souffrait point de retard, car il ne s’arrêta pas au Rendez-vous des ennemis du phylloxéra et dédaigna de répondre aux avances d’un ébéniste gueulard qui le hélait du seuil du Cocher fidèle.

Peut-être aussi avait-il déjà son compte, quoiqu’il fût à peine midi, car il ne se laissa tenter par aucun de ces comptoirs de délices où, d’ordinaire, il multipliait les escales. D’ailleurs, il grommelait en crachottant sur ses bottes, symptôme connu de hargneuse préoccupation que les camarades respectaient.

Ayant ainsi repoussé toute consolation, il finit par arriver à sa porte, au milieu d’une triste rue de Grenelle qu’il habitait depuis sa faillite.

Parvenu assez péniblement au cinquième étage d’un escalier suffocant où plombs et latrines répandaient leurs épouvantables exhalaisons, il heurta du coude, à la façon des ataxiques, une porte squameuse qui paraissait être la plus fâcheuse entrée de l’enfer.

Cette porte s’ouvrit aussitôt et une vieille femme apparut, le regardant avec des yeux interrogateurs.