Page:Bloy - La femme pauvre.djvu/307

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n’existait-elle pas ce jour-là. Peut-être aussi le miasme infernal ondulait-il cauteleusement autour de ce visiteur, sans impressionner son appareil olfactif, ainsi qu’on l’avait observé diverses fois. Au total rien à faire, comme l’avait dit l’aimable propriétaire, absolument rien, surtout pour des pauvres. La société est extra-fine et la propriété immobilière admirablement gardée.

Une vérité incontestable, c’est que le chrétien, le vrai chrétien pauvre, est le plus désarmé de tous les êtres. N’ayant pas le droit ni la volonté de sacrifier aux idoles, que peut-il faire ? Si son âme est haute et forte, les autres chrétiens, vautrés devant tous les simulacres, se détournent de lui en criant d’horreur. Les divinités infâmes le regardent avec leurs faces de bronze et les renégats humiliés par sa constance demandent qu’on le livre aux bêtes. S’il tend la main pour implorer une aumône, cette main plonge dans une fournaise…

Léopold tombé de son art ne put éviter le cloaque au milieu duquel sa chute le précipitait. On l’y enfonça le plus possible. Comme il tentait de se mettre à genoux pour mieux souffrir, d’anciens amis piétinèrent, tassèrent l’ordure au-dessus de lui, et on fit passer là des chars de triomphe où s’étalaient le maquerellage et le putanat. Ensuite on l’accusa de paresse, de scatologie,… d’ingratitude.

Il expérimenta cette loi, toujours invraisemblable et toujours promulguée, qu’un artiste est invariablement exécré au prorata de sa grandeur et que si, la meute féroce venant