désignée même quelquefois sous le nom plus euphonique de mère Isidore, avait, dès lors, vieilli salement sous la botte active du chenapan qui l’assommait volontiers.
L’odieuse créature qui n’avait jamais aimé personne l’adorait inexplicablement, lui appartenait corps et âme, jouissait d’être rossée par lui et aurait fait calciner sa fille pour lui plaire. Elle n’était humble que devant lui, ayant gardé avec tous les autres ses anciennes manières d’autruche qui la faisaient exécrer.
Physiquement, elle était devenue hideuse, au désespoir du ruiné Chapuis, qui n’aurait pas abhorré de liciter sa tendre compagne, mais qui ne pouvait plus l’offrir désormais qu’en qualité de guenille bonne à laver les dalles des morts dans un hôpital de lépreux.
IV
a porte s’ouvrit enfin et Clotilde parut. Ce fut comme
l’entrée d’avril dans la cale d’un ponton.
Clotilde Maréchal, « la fille à Isidore », comme on disait dans Grenelle, appartenait à la catégorie de ces êtres touchants et tristes dont la vue ranime la constance des suppliciés.
Elle était plutôt jolie que belle, mais sa haute taille, légèrement voûtée aux épaules par le poids des mauvais jours, lui donnait un assez grand air. C’était la seule chose qu’elle tînt de sa mère, dont elle était le repoussoir