Page:Bloy - La femme pauvre.djvu/341

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que je vous dois. Eh ! bien, croiriez-vous qu’ils ont étranglé leur petit garçon, à eux deux, en revenant de la messe, il n’y a pas déjà si longtemps ?… Voyons, mon petit coco, dis papa ! dis maman !

— Ah ! oui, je me souviens. Est-ce que ce n’était pas au petit Montrouge ? On en a parlé dans le quartier. Mais on a étouffé l’affaire. Il paraîtrait que le curé qui a le bras long s’en est mêlé. Je me suis laissé dire aussi que la petite bonne femme couchait avec la justice. Tout ça, c’est des bien sales histoires.

— Et encore si c’était tout ! reprit la Poulot. Est-ce que mon mari vous a fait lire les vieux journaux qu’il a trouvés en balayant les cabinets ? Vous savez bien, ce peintre qui avait été assassiné par sa maîtresse… Comment ! vous ne savez pas ! Mais c’était juste la même, chère Madame, avec son marlou. Ils l’avaient coupé en morceaux, ce pauvre monsieur, et ils l’avaient salé comme un cochon pour l’envoyer à Chicago, c’est comme j’ai l’honneur de vous le dire. Ils ont trouvé le moyen de faire accroire aux juges que c’était un autre qui avait fait le coup. On a condamné à leur place un ouvrier, père de cinq enfants, qui travaillait toute la sainte journée pour nourrir sa famille et qui est maintenant au bagne. Qu’est-ce que vous pensez de ça ?… Tu me griffes, petit chameau ! Dis avec moi Pa-pa-pa-pa-papa ! ma-ma-ma-ma-maman !

Bien que tout cela fût extrêmement gueulé, Clotilde, ce jour-là, n’en entendit pas davantage. Elle ne revint d’un long évanouissement que dans les bras de son mari à qui