Page:Bloy - La femme pauvre.djvu/372

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XXIII



C’est demain le terme d’octobre. On le paiera, sans doute, comme on a payé les autres. Avec quel argent ? C’est Dieu qui le sait. Tout ce que les créatures peuvent savoir, c’est que, depuis la fondation de Rome dont les Douze Tables féroces livraient le mauvais payeur à son créancier pour le vendre ou le mettre en pièces, il ne s’est assurément jamais rencontré une chienne plus implacable que la propriétaire des Léopold.

La voici, justement, assise devant son prie-Dieu, un peu en avant de Clotilde et de Léopold venus pour entendre la grand’messe. Elle a déjà, certainement, répandu des actions de grâces très abondantes et remercié le Seigneur de n’être pas une publicaine.

Enfin, ce qu’il y a de sûr et de consolant, c’est qu’elle ne peut pas mordre tout de suite. « À chaque jour suffit son tintouin », est-il dit dans le Discours sur la montagne.

Un prêtre vient de monter en chaire. Ce n’est pas le curé, personnage vertueux, sans indiscrétion ni fureur, qui, interrogé un jour par Léopold sur les sentiments religieux de sa paroisse, lui fit cette réponse : — Oh ! Monsieur, il n’y a ici que de très petites fortunes !!! et qui ne vint pas une seule fois consoler ses brebis nouvelles, quand elles étaient dans les affres de leur supplice.

Non ce n’est pas lui. C’est un vicaire humble et timide