Page:Bloy - La femme pauvre.djvu/394

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coup, avec le fracas d’un œcuménique tremblement des cieux…

« Les fils des hommes, Seigneur, seront enivrés de l’abondance de ta maison et tu les soûleras du torrent de ta volupté. »

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Le lendemain matin, Paris et la France apprenaient avec terreur l’incendie effroyable de l’Opéra-Comique où fumaient encore trois ou quatre cents cadavres.

Les premières étincelles avaient voltigé, à neuf heures cinq, sur l’abjecte musique de M. Ambroise Thomas, et l’asphyxie ou la crémation des bourgeois immondes venus pour l’entendre commençait, sous « l’odorante pluie tiède ».

Cette douce nuit de mai fut l’entremetteuse ou la courtisane des supplices, des lâchetés, des héroïsmes indicibles. Comme toujours, en pareil cas, les âmes ignorées jaillirent.

Dans la bousculade sans nom, dans la cohue de ce déménagement de l’enfer, on vit des désespérés s’ouvrir un passage à coups de couteau, et on vit aussi quelques hommes s’exposer à la plus affreuse de toutes les morts pour sauver des notaires de province, des avocates adultères, de nouveaux époux fraîchement bénis par un cocufiable adjoint, des vierges de négociant garanties sur la facture, ou de véridiques prostituées.

Enfin quelques journaux racontèrent la panique histoire d’un inconnu, accouru avec cinquante mille curieux, qui s’était précipité, on ne savait combien de fois, dans le volcan, ramenant surtout des femmes et des enfants,