Sa mère qui ne se livrait à d’autres pratiques dévotieuses que l’invocation postiche d’un ciel décousu et qui pensait, comme toute vraie guenon bourgeoise, que « les simagrées offensent notre Créateur », n’était pas précisément le modèle qu’il aurait fallu pour l’acheminer à la perfection chrétienne.
Elle lui avait « fait faire » sa première communion, à l’exemple de toutes les paillardes femelles de boutiquiers, parce que c’était l’occasion d’un exceptionnel déploiement de sensibilité maternelle. Mais elle aurait improuvé les exagérations superstitieuses de la prière et surtout l’inutile effusion des larmes dans des endroits écartés.
Scrupuleusement, elle observait la profonde liturgie des détaillants orthodoxes, laquelle consiste à tirer les Rois, à manger de la merluche le Vendredi Saint, des crêpes à la Saint-Jean, de la cochonnaille à Noël et surtout, oh ! surtout, à porter des fleurs aux « chers absents », le Jour des Morts. Le paroxysme du délire eût été de lui demander davantage.
Oui, ces heures d’attendrissement avaient été les meilleures de la vie de Clotilde et le simulacre de passion qui lui était venu plus tard ne les avait certes pas values.
Au moins, elles ne lui avaient pas laissé d’amertume, ces heures bénies, où les sources de son cœur invoquaient silencieusement les sources du ciel.
Elle se souvenait d’avoir senti la Douceur même et quand elle fondait en pleurs, c’était comme une impression très lointaine, infiniment mystérieuse, un pressentiment