Page:Bloy - La femme pauvre.djvu/65

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convulsions et les pâmoisons de l’allégresse la plus délirante.

Quand l’accès eut pris fin, le grotesque, un moment cloué par la surprise, était parti, dédaigneux et blême.

— Ah ! l’animal ! exhala enfin le rieur, après un bruyant soupir de satisfaction, et se parlant à lui-même, suivant sa coutume, il me fera mourir un de ces jours. J’ai beau le soupçonner des plus sales manigances, c’est à peine si j’ai le courage de le flanquer à la porte… Vraiment, c’est à payer sa place. Le vilain bougre ! m’a-t-il fait rire avec ses bottes à la Franconi et sa gueule de marlou circassien, vues dans la pénombre !… Le père que j’ai connu pion à Toulouse n’était pourtant pas si drôle. Il passait pour un honnête marchand de soupe légèrement toqué de prophéties royalistes et assez mal vu du clergé qu’il prétendait éclairer. Mais cela ne dépassait pas la mesure d’un bon ridicule de province. Il faut croire que son fils tient plutôt de l’aïeule gargotière, la Mère des compagnons, comme on disait, laquelle ne paraissait pas descendue précisément des « Elohim », ainsi qu’il nomme ses ancêtres d’avant le Déluge… Enfin, ne pensons plus à ce polisson qui m’a fait perdre encore une heure, ce matin, et voyons un peu ce modèle… Dites donc, Mademoiselle, vous seriez bien aimable de presser un peu le déshabillage…

À ce moment, quelque chose passa, qui n’était ni un bruit, ni un souffle, ni une lueur, ni rien de ce qui peut ressembler à un phénomène quelconque. Peut-être même ne passa-t-il absolument rien.

Mais Gacougnol eut un frisson et, vivement impressionné,