Page:Bloy - La femme pauvre.djvu/71

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plaît, Mademoiselle, et au travail ! Venez par ici, en pleine lumière, que j’étudie votre pose. Levez les yeux et fixez avec attention cette solive qui est là, au-dessus de votre tête… Oui… ce n’est pas mal, c’est même très bien, mais quel poncif ! mes enfants ! Quelle bondieuserie déchaînée ! Il y a peut-être cinq cent mille paires d’yeux comme ça, en peinture, qui contemplent le séjour des élus ! Que diable pourrais-je bien lui faire regarder à sainte Philomène ? Le truc des visions célestes est insoutenable… C’est tout de même dur à peindre, un sujet pareil, quand on n’a jamais été le spectateur d’aucun martyre ! Lui ferai-je regarder la multitude, en ayant l’air de demander grâce ? Stupide ! D’ailleurs, il n’y a pas moyen, puisqu’on veut que tous les chrétiens livrés aux bêtes aient ardemment désiré de leur servir de pâture. Il est vrai qu’en la supposant incapable de crainte, j’aurais encore la ressource de lui faire exhorter le populo… Ce n’est pas non plus très inédit, sans compter que les personnages qui font des discours dans les tableaux ne sont pas précisément irrésistibles… Alors, quoi ? pas moyen d’échapper aux yeux vers le ciel. Évidemment, c’est encore ce qu’il y a de plus propre à considérer… Et puis, après ? Elle est debout, c’est entendu ; on ne leur apportait pas de fauteuils. Sans doute, mais qu’est-ce que je vais faire des bras ? des deux bras ? ô juste Juge !… Impossible de les couper. On me demanderait si c’est le martyre de la Vénus de Milo… Liés ? croisés ? étendus en croix ? levés au ciel ? Toujours le ciel ! Ah ! zut… Dites-moi, mon enfant,… quel est donc votre nom, déjà ?