Page:Bloy - Le Désespéré.djvu/221

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gueules identiques, parodies éculées depuis deux mille ans, on n’imagine rien de plus.

Il est probable que les Juifs étaient plus forts, d’abord, pour avoir été les initiateurs et, peut-être aussi, parce qu’ayant à faire souffrir l’Homme qui devait assumer toute expiation, ils savaient des choses dont l’épaisse ignorance des blasphémateurs actuels n’a même pas le soupçon.

Ce qui est vraiment épouvantable, c’est l’immondicité des esprits.

Les pieds du Christ ne peuvent pas être souillés, mais seulement sa Tête, et cette besogne d’iniquité idéale est le choix inconscient ou pervers de la multitude de ses amis.

Le Christ, ne pouvant plus donner à ceux qu’il nomma ses frères aucun surcroît de grandeur, leur laisse au moins la majesté terrible du parfait outrage qu’ils exercent sur Lui-même. Il s’abandonne jusque-là et se laisse traîner au dépotoir.

Les catholiques déshonorent leur Dieu, comme jamais les Juifs et les plus fanatiques antichrétiens ne furent capables de le déshonorer.

L’imbécile rage des ennemis conscients de l’Église fait pitié. Le boniment légendaire des souterraines conspirations jésuitiques, romantiquement organisées par des cafards nauséeux, mais pleins de génie, peut encore agir sur le populo, mais commence à perdre crédit partout ailleurs, ce qui étonne d’une si énorme sottise. Les calomnies stupides ont ordinairement la vie plus dure. Déjetées, savetées, éculées, indécrottables et inépousables, elles subsistent, immortellement juteuses.

Il est vrai que les catholiques ont pris eux-mêmes