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Page:Bloy - Le Désespéré.djvu/250

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En somme, Véronique avait à peu près manqué son coup et n’était pas devenue moins belle qu’avant, — la dilapidation d’une partie de ses richesses ayant proportionnément accru la valeur du fertile potager d’amour, que l’infortuné Marchenoir avait si malencontreusement ensemencé de l’impartageable concupiscence du Ciel.

XLIX

Les événements ont ceci de commun avec les oies qu’ils vont en troupe. Tout être non absolument dénué d’observation a pu le remarquer. Il est vrai que la curiosité s’arrête là, d’ordinaire. Nul n’implore une explication de cette loi, l’inexistante fontaine du Hasard devant suffire à l’étanchement de toutes les soifs du troupeau pensant. Ce proverbe : « Un malheur n’arrive jamais seul », est l’unique monument de l’attention ou de la sagacité des hommes sur l’une des particularités les moins négligeables de leur histoire. Il est pourtant bien assuré que les événements heureux ou malheureux, quelle que soit l’illusion de leur taille, semblent s’appeler les uns les autres, aussitôt qu’ils naissent, par d’irrésistibles clameurs. Ils accourent alors de partout, émergeant des trous de la terre ou tombant des monts de la lune, pour l’éternelle stupéfaction d’une race tirée du néant, qui ne sut jamais rien prévoir et qui ne s’attend jamais à rien.

On a fini par observer, d’une manière à peu près