Page:Bloy - Le Désespéré.djvu/258

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bresauter proditoirement, de son lamentable derrière.

—… Dans ce cas, poursuivit en lui-même Leverdier, pour qui cette retraite savante avait été une beauté perdue, Marchenoir pourrait, en un instant, reconquérir la grande publicité. Ne parvînt-il à lancer qu’un tout petit nombre d’articles, il ressaisirait bientôt, par le moyen d’un journal si retentissant, le groupe intellectuel ameuté naguère par ses audaces et que son silence, depuis tant de mois, a dispersé. Puis, quelle revanche contre tous les lâches qui le croient vaincu ! Cette vermine de Lerat doit avoir dit la vérité. Il a les plus basses raisons du monde pour désirer de toutes ses forces qu’un brûlot formidable soit lancé, n’importe de quelle main, sur les cuisines de la presse catholique. Il a même dû travailler fortement Beauvivier dans ce sens et lui faire gober la nécessité d’être l’inventeur de Marchenoir. Properce, d’ailleurs, en sage roublard, s’est soigneusement préservé d’écrire, et s’est contenté de nous décocher cet éclaireur qui pouvait, à toute fortune, encaisser les rentrées de coups de semelles d’une indignation présumable et qui allait, évidemment, rue des Fourneaux, quand je l’ai rencontré.

Leverdier résolut de voir, le jour même, Properce Beauvivier, le poète-romancier sadique, devenu, depuis peu, directeur et rédacteur en chef du Basile. Il le connaissait à peine, mais il voulait, autant que possible, pénétrer son jeu et préparer, avec un extrême soin, la négociation, — Marchenoir ayant plusieurs fois exprimé très haut son mépris pour ce marécagier superbe, lequel devait avoir un fier besoin de pimenter son limon pour s’être déterminé à