Page:Bloy - Le Désespéré.djvu/294

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en laissant insidieusement planer le désir du mal sur la curiosité qu’il vient d’exciter. Cet empoisonneur a osé mettre en circulation, sous forme de Contes pour les jeunes filles, de dissolvants et inexorables toxiques. On raconte qu’il en prépare d’autres encore pour les enfants au-dessous de dix ans.

Une hystérie maladive, d’ordre effrayant, est l’insuffisante explication de cette fureur qui n’irait à rien moins qu’à contaminer la lumière. C’est à se demander si l’exécration physique de la blancheur n’est pas pour quelque chose dans l’inconcevable débordement de son écritoire.

Il passe pour avoir été beau, naguère. Lui-même le déclare en ces termes simples : « J’ai été très beau. » Il a cru devoir comparer son propre visage à celui du Christ. Homme à femmes, par conséquent, il a mis, de bonne heure, sa personne en adjudication et même en actions. On a vu des familles payer très cher des coupons de son alcôve. — Maquereau deux fois funeste, il ne lui suffit pas de ruiner les femmes pour s’en rendre maître, il se plaît ensuite à les enfermer dans la Tour de la faim du tribadisme, — imprévue par Dante, — où les malheureuses, privées du rognon nutritif de l’homme, sont réduites à se dévorer entre elles… Il s’est marié, pourtant, ce vainqueur, et il a épousé la plus belle femme qu’il a pu trouver, dans l’espérance, non déçue, de conquérir plus facilement les autres.

Il a ce signe particulier d’être sans défense contre les boutiques de cordonniers, devant lesquelles il s’oublie dans d’incontinentes extases. Il faut l’avoir entendu prononçant le mot « bottines ! » pour bien comprendre l’Angleterre, où le jarret d’une femme