més du cœur. Ce métier demande, avant tout, du front et de l’estomac. Quant à l’esprit, il en faut tout juste assez pour voir, à temps, monter la moutarde dans le nez d’autrui, ou pour accueillir les coups de bottes des exaspérés, avec le sourire d’un gladiateur de l’information.
Cependant, cette place enviée n’arrivant pas à combler ses vœux, Hippolyte Maubec s’improvisa moraliste consultant au journal fameux dont s’imprègnent les républicains honnêtes, où il s’arrange, — malgré le voisinage de Sarcey, — pour être la plus laide chenille de cette feuille de mauvais figuier qui rend un peu plus visibles les parties honteuses de notre histoire contemporaine.
Il est donc d’une espèce de figure syphilitique et foraminée, aux glandes cutanées perpétuellement juteuses. C’est précisément le contraire de son croûteux et feuilleté confrère, Jules Dutrou, dont la lèpre est sèche. Quand l’humeur liquide menace de s’indurer, il presse délicatement les pustules réfractaires au suintement et fait jaillir son ordure. Malheur à qui se trouve, alors, devant son abominable gueule !
N’importe. Les boutiquiers et les commis voyageurs, qui lisent assidûment son journal, lui adressent force épîtres anxieuses, auxquelles il répond, publiquement, avec un zèle patriotique à peine surpassé par le ridicule inouï de son ton d’augure, car ce vénéneux est pour la vertu et ce hanteur de tripots pour la probité.
Redouté comme une mouche de pestilence et rempli de charbonneuses notions sur la conjecturale moralité des uns et des autres, on lui abandonne