Page:Bloy - Le Désespéré.djvu/359

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d’une vidange humaine qui vous surpasserait en infection, sans conjecturer, du même coup, l’apoplexie de l’humanité. En ce jour, peut-être, le Seigneur Dieu se repentira, — comme pour Sodome, — et redescendra, sans doute, enfin ! du fond de son ciel, dans la suffocante buée de notre planète, pour incendier une bonne fois, tous nos pourrissoirs. Les anges exterminateurs s’enfuiront au fond des soleils, pour ne pas s’exterminer eux-mêmes du dégoût de nous voir finir, et les chevaux de l’Apocalypse, à l’apparition de notre dernière ordure, se renverseront dans les espaces, en hennissant de la terreur d’y contaminer leurs paturons !…

Ayant vociféré ces derniers mots d’une voix qui parut presque surhumaine, l’imprécateur s’en alla frémissant, la tête haute et les yeux en flammes. Les auditeurs comprirent probablement qu’il ne ferait bon pour personne lui barrer le chemin, en lui présentant un manuel de civilité, car ceux au milieu desquels il dut passer s’écartèrent avec un empressement visible.

Une demi-heure après, il disait, en se laissant tomber sur une banquette du café où l’attendait Leverdier :

— Cher ami, mon journalisme est fricassé, mais, c’est égal, je n’ai pas payé trop cher la volupté de leur sabouler la gueule !


LXIII


À partir de ce jour, le révolté s’enferma dans la plus haute citadelle de son esprit. Il se remit coura-