Page:Bloy - Le Désespéré.djvu/416

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temps qu’il aurait conclu à l’étripement et à la grillade, car la pestilence, bien sentie, du mauvais riche, n’est pas humainement supportable ! Mais la conclusion viendra, tout de même, et probablement bientôt, — étant annoncée de tous côtés par d’indéniables prodromes…

Les riches comprendront trop tard, que l’argent dont ils étaient les usufruitiers pleins d’orgueil, ne leur appartenait absolument pas ; que c’est une horreur à faire crier les montagnes, de voir une chienne de femme, à la vulve inféconde, porter sur sa tête le pain de deux cent familles d’ouvriers, attirés par des journalistes et des tripotiers dans le guet-apens d’une grève ; ou de songer qu’il y a quelque part un noble artiste qui meurt de faim, à la même heure qu’un banqueroutier crève d’indigestion !…

Ils se tordront de terreur, les Richards-cœurs-de-porcs et leurs impitoyables femelles, ils beugleront en ouvrant des gueules, où le sang des misérables apparaîtra en caillots pourris ! Ils oublieront, d’un inexprimable oubli, la tenue décente et les airs charmants des salons, quand on les déshabillera de leur chair et qu’on leur brûlera la tête avec des charbons ardents, — et il n’y aura plus l’ombre d’un chroniqueur nauséeux, pour en informer un public de bourgeois en capilotade ! Car il faut, indispensablement, que cela finisse, toute cette ordure de l’avarice et de l’égoïsme humains !

Les dynamiteurs allemands ou russes ne sont que des précurseurs ou, si l’on veut, des sous-accessoires de la Tragédie sans pareille, où le plus Pauvre et, par conséquent, le plus Criminel des hommes que la fé-