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Page:Bloy - Le Révélateur du globe, 1884.djvu/209

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LE SERVITEUR DE DIEU

Saint-Domingue, comme il est certainement prouvé ; si cette découverte miraculeusement correspondante au mouvement actuel de l’opinion cathotique sur Colomb, hâte l’heure désirable de sa Béatification, il est assez facile de prévoir d’immense vénération du monde chrétien pour les reliques d’un saint dont l’exceptionnelle majesté lui sera enfin démontrée. Alors il se pourrait bien que la cathédrale de Saint Domingue devint, en réalité, la Jérusalem Américaine, comme le lui ont railleusement prophétisé des académiciens espagnols, salaritpour ètre les ennemis d’un cercueil et qui ne croyaient pas si bien dire. En ce jour, l’humiliation et la honte de l’Espagne seront à lear comble et c’est ce danger qu’elle s’efforce de conjurer par tous les moyens possibles et à quelque prix que ce soit !

En attendant ce suprême châtiment national, la présente brochure sur les Deux Cercueils, qui ne vise que des faits récents, donne singulièrement la mesure d’une haine dont je ne crois pas qu’il y ait d’exemple et qui, par sa persistance de quatre siècles, prend le caractère surnaturel d’une malédiction divine. Il faut lire la polémique si précise et, parfois, si spirituellement coupante du Comte Roselly de Lorgues, pour avoir l’idée de ce repli obstiné, de cette obduration invincible, de ce front de taureau du vieux préjugé Castillan, réfractaire à toute évidence, aussitôt qu’il s’agit de ne pas fouler aux pieds Christophe Colomb. Le Cabinet espagnol, fortement ému de l’événement de Saint-Domingue et considérant qu’il se devait à lui-même d’obéir à l’hostile tradition, au lieu d’envoyer à Saint-Domingue et à Cuba une commission d’érudits et d’archéologues, chargea l’Académie royale d’histoire de juger du fond de son fauteuil,