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Page:Bloy - Le Révélateur du globe, 1884.djvu/210

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LE RÉVÉLATEUR DU GLOBE

à Madrid, ce qui venait de se passer aux Antilles. Les académiciens qui seront toujours de très dociles sujets, à quelque nation qu’ils appartiennent, se gardèrent bien de contrarier le Pouvoir, qui leur avait d’avance, par une circulaire, tracé leurs conclusions. Le Comte Roselly de Lorgues lacère et fripe terriblement, en quelques pages, le travail de ces messieurs. Il n’en laisse subsister que la honte qui n’est peut-être pas un bien lourd surcroît pour leurs épaules.

Les circonstances de la découverte des restes sont infiniment simples. Dans le cours des travaux de réparation de la cathédrale de Saint-Domingue, l’ingénieur chargé de les diriger découvrit dans la partie souterraine du sanctuaire, du côté de l’Évangile, un coffre de métal sur lequel on put lire cette inscription abrégée : D. de la A. Per Al c’est-à-dire : Découvreur de l’Amérique Premier Amiral ; et sur les côtés : C. C. A., c’est-à-dire Christophe Colomb Amiral.

La caisse ayant 616 ouverte, on aperçut des ossements humains. À la partie intérieure du couvercle on lut ces mots en caractères gothiques allemands :

ILLro y Esdo Varon
Dr Cristoval Colon.

À l’exception d’un petit nombre d’os passablement conservés, tout était en poussière. Ce dut être une étrange émotion. Pour une âme un peu profonde, les restes d’un inconnu sont déjà singulièrement suggestifs de mélancolie quand on les voit très anciens, émiettés aux angles des siècles et que, toute forme s’étant abolie, la simagrée terrible du squelette, elle-même, a disparu. Qu’est-ce donc quand on connaît le passé de