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Page:Bloy - Le Révélateur du globe, 1884.djvu/237

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OBSTACLES À L’INTRODUCTION DE LA CAUSE

acharnés de Celui qui a eu la gloire de donner un monde nouveau à l’Église de Jésus-Christ[1] ! » On le voit, par cette longue citation, l’abbé Sanguineti a quelque sujet d’être content de son personnage. L’Archidiocèse fait silence à son aspect, comme la Lerre à l’aspect d’Alexandre, et le plus infortuné des Archevêques subsiste devant lui comme s’il ne subsistait pas. Supérieur à toute Vérité, plus grand que la Justice et plus fort que le Destin, infaillible devant les hommes et impeccable devant Dieu, cet invraisemblable chanoine, dont les pieds daignent encore fouler la terre, s’avance majestueusement contre l’Église et contre Pie IX. Il semble dire avec notre communard Vallès : « Le règne infâme de la justice a trop duré ; il est temps enfin que les bons trernblent et que les méchants se rassurent. »

Désapprouvé par presque tous les Évêques de l’univers, implicitement condamné par le bref du Saint Père, en horreur aux âmes généreuses et fidèles, seul comme le Diable, dans son enfer d’académiciens et de démagogues, il a cependant le triomphe de retarder l’Honneur de Jésus-Christ et, dans cette lutte incroyable, c’est encore lui qui a l’air d’être le plus fort. À la vérité, il n’y a pas lieu d’espérer que l’empire de la terre prédit

  1. Lettre de S. Ém. le Cardinal Donnet, reproduite à Bologne dans l’Ancora du 28 décembre 1877. Qu’on se rappelle les effrayantes paroles de Massillon : « Le sel même de la terre s’est affadi ; les lampes de Jacob se sont éteintes ; les pierres du sanctuaire se traînent indignement dans la boue des places publiques et le prêtre est devenu semblable au peuple. Ô Dieu ! est-ce donc là votre Église et l’assemblée des saints ? Est-ce là cet héritage si chéri, cette vigne bien-aimée, l’objet de vos soins et de vos tendresses ? et qu’offrait de plus coupable à vos yeux Jérusalem, lorsque vous la frappâtes d’une malédiction éternelle ? » (Sermon sur Le petit nombre des élus.)