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Page:Bloy - Le Révélateur du globe, 1884.djvu/247

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OBSTACLES À L’INTRODUCTION DE LA CAUSE

testant puisse voir moins clair qu’un catholique dans les questions d’histoire et d’archéologie. Il semble même peu éloigné de croire que le catholicisme est une manière d’obscurcissement pour l’esprit etque le vrai point de vue pour juger l’histoire ecclésiastique est le point de vue luthérien, méthodisite ou calviniste. Doctrine admirable et bien digne d’un tel prêtre, laquelle aurait pour conséquence immédiate d’exhumer comme documents historiques les Centuries de Magdebourg, par exemple, ou tout autre factum de la même provenance et de la même autorité !

Si l’on ne savait pas qu’il est dans la nature de l’espril humain de reproduire obstinément les mêmes plalitudes et les mêmes préjugés, il y aurait lieu de s’étonner de la persistance vraiment exceptionnelle des idées espagnoles ou protestantes sur Christophe Colomb. L’Amérique découverte par hasard en cherchant autre chose, les vues intéressées et sordides du grand homme, sa cruauté, sa fourberie, son orgueil, son immoralité etjusqu’à cette sotte légende de l’œuf ; telles sont ces idées à peu près aussi anciennes que la Découverte, enfantées tout d’abord par l’imagination des Espagnols qui ne pardonnèrent jamais au Donateur du nouveau monde leur effroyable ingratitude. Les protestants vinrent ensuite. Washington Irving en tête, qui voulurent bien admirer Colomb, mais à la condition expresse qu’il n’y eût pas en lui un atome de sainteté, et qui recueillirent avec une pieuse équité cet héritage de sottises et de mensonges. Enfin, les rationalistes purs, tout en se gardant bien d’effacer une seule ligne de cette page du Livre d’Or de la calomnie, y ajoutèrent l’appoint désintéressé de leur inductions critiques. L’abbé Sanguineti, uni de cœur