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LE RÉVÉLATEUR DU GLOBE

L’abolition de tout surnaturel historique est le besoin perpétuel de ces écrivains sans Dieu, qui ne peuvent se défendre d’admirer humainement l’Amplificateur du monde, mais qui s’impatientent de son Christ et voudraient que cette Colombe n’eût jamais porté que le Hasard à travers les mers. Tout à l’heure, je nommerai le plus grand de tous, celui devant qui les noms qui précèdent sont comme du vent glacé et de la poussière. On verra alors toute la lamentable puissance du préjugé moderne et l’inexprimable besoin universel de la sanction auguste implorée par l’Épiscopat, puisqu’il a suffi de la gloire lésée de Christophe Colomb pour faire chanceler dans le cloaque des opinions basses et médiocres l’une des âmes les plus lumineuses qu’il nous ait été donné de contempler !

Ce qu’il y a d’étrange, c’est qu’on ne voie pas qu’en dénuant de tout secours scientifique le sublime Navigateur, ils font éclater aux yeux, par le contraste du résultat, l’évidence irrésistible du Mandat divin. Lui-même qui sentait, assurément mieux que personne, l’insuffisance de son savoir, avoue que le raisonnement, les mathématiques et les mappemondes lui ont été d’un faible secours[1].


    Bonne Espérance ne fut doublé par le célèbre portugais qu’en 1491, cinq ans après la Découverte, mais il l’avait été réellement pour la première fois, quatre ans avant, en 1488, par Bartholomeu Dias et nommé par lui le cap des Tourmentes. Le nom de cap de Bonne-Espérance fut substitué par le roi Joam II qui comprit que, dès lors, la route des Indes était trouvée. Dias fut disgracié, comme la plupart des grands hommes que l’ingratitude seule est assez riche pour payer et ce fut Vasco de Gama qui devint, pour toute la durée des siècles, le titulaire de sa gloire.

  1. « Yo dije que para la esecution de la impresa de las Indias no me aprovecho razon, ni matematica, ni mapemundos. » — Christophe Colomb, Libro de las Profecias, fo IV.